Un article de Ouest-France le 22 juillet 2010.
Le musée des beaux-arts s'associe à la rencontre des éducateurs Freinet (lire ci-dessous). Au côté de Chaissac et Dubuffet, des dessins d'enfants offerts par Élise Freinet sont exposés.
En 1957 a lieu à Nantes le XIIIe congrès de l'école moderne liée à la pédagogie Freinet.L'un de ses principes fondateurs : « l'éducation est épanouissement et élévation et non accumulation de connaissances, dressage ou mise en condition ». « C'était un grand moment dans l'histoire du mouvement qui a, cette année-là, pris une dimension internationale », raconte Vincent Rousseau, conservateur au musée des Beaux-Arts. À l'occasion de cet événement, une grande exposition d'art enfantin s'y déroule. Femme de Célestin, Élise Freinet offre au musée cinq dessins de la classe de Roger Lagrave de Pitoa (Cameroun). Elle-même artiste graveur, elle s'intéresse particulièrement aux travaux d'écoliers qui, selon elle, si on les laisse s'exprimer, font preuve de réels talents artistiques.« Ces dessins sont inscrits à l'Inventaire comme oeuvres d'art. Dans les années 1950-1960, il y avait un intérêt pour les croquis d'enfants. On cherchait d'autres voies artistiques, en dehors de l'abstraction et de la figuration », indique Vincent Rousseau, qui a lui-même organisé des accrochages d'élèves de maternelle.
« Réussites plastiques »
C'est à la même époque que la Société des amis du musée des Beaux-Arts s'intéresse à Gaston Chaissac, « le Picasso en sabots ». Deux toiles sont même acquises dès 1954. Le peintre vit alors en Vendée avec son épouse institutrice laïque, Camille, adepte des préceptes Freinet.
Chaissac, Freinet... Pour les besoins de l'exposition présentée actuellement, Vincent Rousseau poursuit son enquête et se rend à Vence (Alpes-Maritimes), où les Freinet avaient ouvert leur école expérimentale. Il part à la rencontre de Madeleine, leur fille, et met la main sur des lettres de Chaissac qui félicite le couple pour son engagement. « Ces courriers attestent donc du lien entre Chaissac et les Freinet », souligne le conservateur. À Vence, a vécu également Jean Dubuffet, tête de file de l'art brut. Des correspondances sont aussi retrouvées entre les enseignants et le sculpteur, qui lui-même entretient une relation avec Gaston Chaissac.
De fil en aiguille, le spécialiste assemble le puzzle, dont l'une des pièces maîtresses se nomme Maurice Pigeon, instituteur de Sainte-Pazane, un des premiers à mettre en application la philosophie Freinet en Loire-Atlantique. Aujourd'hui décédé, il a aussi été membre des Amis du musée.
Point d'orgue de toutes ces recherches, cette originale présentation réunit pour la première fois des dessins d'enfants et des productions de Dubuffet et Chaissac. Pour le conservateur,« même s'il peut être très beau, très décoratif, un dessin d'enfant reste un dessin d'enfant. S'ils n'expriment pas le parcours ni l'intention de l'artiste, ils sont toutefois capables de véritables réussites plastiques ». À leur côté, un Picasso, un choix totalement justifié. « Toute sa vie, il a recherché leur spontanéité. »
Magali GRANDET.
Un dessin d'enfant de Pitoa au Cameroun donné au musée des Beaux-Arts de Nantes par Élise Freinet en 1957.
« Deux personnages », de Gaston Chaissac, 1963, exposé au musée des Beaux-Arts de Nantes.
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