À Diawar, on adopte aussi la méthode Freinet - Rezé
lundi 26 juillet 2010
L'ancien instituteur rezéen Jean Le Gal, accueille Ousseynou Diop, le directeur de l'école de Diawar, à l'occasion des rencontres du mouvement pédagogique Freinet.
« Freinet ? » Quand il entre dans l'école de Diawar, il y a 15 ans, Ousseynou ignore tout de Célestin Freinet, de l'homme et de sa pédagogie. Cette année-là, le gouvernement a ouvert 1 200 classes, ce qui nécessite un important recrutement. Ousseynou est formé en « trois mois ». Puis il est nommé dans un village Ndiatène « où tout est différent de la vie que je connaissais à Dakar ». Pas de loisirs. Pas d'eau, pas d'électricité. On s'éclaire à la bougie et on mange de la bouillie de mil.
« Je m'interrogeais sur mon avenir dans l'enseignement. » Mais huit jours après la rentrée, il est remplacé et nommé à Diawar, à 20 kilomètres. Là, Papa Meïssa, le directeur, lui confie les grands, les CM2. « Volontairement », reconnaît aujourd'hui Papa Meïssa « pour que le jeune maître d'école soit directement dans le bain de la pédagogie Freinet ». « J'ai été très surpris », raconte Ousseynou. « J'ai commencé la leçon comme on m'avait appris. » Les enfants l'ont interrompu : « Monsieur, on veut faire des exposés. Mais d'abord il faut organiser la classe et faire un conseil d'enfants. » « C'est la première fois que je voyais ça ». Déstabilisé une seconde, Ousseynou a le bon réflexe : « On va se réunir tout de suite. »
Les élèves ont ainsi appris à leur instituteur ce qu'était la pédagogie Freinet, pédagogie de l'éveil, de la responsabilité, de l'observation de l'environnement, ne mettant pas de barrière entre le manuel et l'intellect. « J'ai vu que les enfants étaient responsables et solidaires. Les plus doués aidant les plus faibles. En plus, ils apprenaient bien. En fin d'année, leurs résultats scolaires étaient les meilleurs du département. »
Ousseynou est resté à Diawar. Il a remplacé Papa Meïssa à la direction en 2004. L'école compte 490 élèves et 13 enseignants. Il est toujours aussi « ébahi » du comportement des mômes. Quand ils accueillent leurs petits camarades avec qui ils correspondent, ils organisent tout, « en partie à mon insu », préparent le matériel et le programme, collectent l'argent.
À Saint-Herblain, Ousseynou a animé un atelier « sur la démocratie des enfants à l'école ».