Par Claude Beaunis le 26/07/10 – 10:26
Marisa Del Cioppo Elias (Brésil)
Aujourd'hui (22/7) dans l'atelier Coopération Internationale et formation, il nous a été demandé de placer sur un papier vert “Mes apports” et sur un autre, rose, “Mes questions”.
J'ai perçu, grâce aux rencontres variées avec des éducateurs, combien l'atttitude de poser des questions n'est pas une pratique très courante entre nous. Et, néanmoins, nous devrions être spécialisés dans l'art de demander. En vérité, ce qui arrive à beaucoup d'entre nous, c'est exactement le contraire : nous finissons par nous tourner vers les grands spécialistes dans l'art de donner des réponses.
Qu'arrive-t-il avec nous qui, la plupart du temps, lorsque nous osons demander, demandons ce que nous savons déjà et pas ce que nous ignorons? C'est comme si nous questionnions seulement pour confirmer notre savoir et de conférer le savoir de l'autre. Cela, je ne l'observe pas entre les éducateurs Freinetistes pour lesquels l'acte de demander ne se fait pas de manière isolée, mais ancré à d'autres expériences, lesquelles, d'une certaine manière, facilitent ou rendent difficile l'apprentissage.
Aujourd'hui, je perçois combien l'acte de demander s'est transformé, dans ma pratique enseignante, en un instrument de travail qui me rend capable de créer et, en même temps, d'entrelacer les fils du tissu de ma pratique pédagogique.
Est-ce qu'il n'existerait pas aussi un lien entre l'apprentissage de la parole et de la question ? J'apprends à demander tout en apprenant à parler. Il est difficile d'apprendre à demander quand ne se vit pas intensément l'apprentissage à dire le mot lui-même.
Quand nous ne pouvons pas donner notre contribution sur ce que nous savons, ce que nous pensons ou même sur ce que nous ne savons pas, comment est-il possible d'apprendre à demander ? Les questions normalement apparaissent au moment de doutes, au moment de reconnaissance ou de réajustement de notre discours.
Et si ces moments sont insuffisants, pour ne pas dire inexistants dans notre pratique pédagogique, comment et où pouvons-nous apprendre à formuler des questions ? Comment et où apprenons-nous à formuler des questions si nous ne pouvons pas exposer nos doutes, si nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas ?
La proposition de l'atelier aujourd'hui m'a fait comprendre que quand nous donnons des réponses toutes prêtes à nos apprenants, nous n'annonçons pas que nous ne voulons pas qu'ils entrent en contact avec nos propres ignorances ? Je ne sais pas. Peut-être oui, peut-être non ! Ce qui est clair pour moi, c'est que l'acte d'apprendre à demander requiert ce que Freinet nous a enseigné, c'est-à-dire d'exiger l'existence d'une ambiance de confiance entre l'éducateur et l'apprenant auquel il ose apporter ses "non-savoirs", en même temps qu'il exige que celui qui éduque vive, dans la pratique, la compréhension de l'erreur comme possibilité de recherche de la vérité.