Dans le cercle restreint de l'atelier journal, j'ai osé dire que c'était ma vingtième Ridef déclenchant par là un tonnerre d'applaudissements admiratifs qui renforça évidemment mon égo, moi si modeste d'habitude, comme chacun sait.
Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa (une citation latine, ça fait toujours bien, surtout quand on envisage de diriger bientôt une des plus grandes entreprises religieuses du monde.
Après un contrôle rigoureux d'après la liste des Ridefs, je m'aperçois avec horreur que je n'ai participé qu'à douze Ridefs. Mon orgueil en prend un coup.
Mais quand même, à la première, j'y étais. Il faut dire qu'elle se tenait à Chimay en Belgique, où j'habite. Nous étions moins de vingt dont Roger Ueberschlag et René Linarès.
A partir de 1980, à Madrid, j'ai été assez régulier. En 1984, profitant du fait que la Ridef se tenait à Leuven (Belgique), j'ai fait un coup d'état et assumer la présidence de 1984 à 1989. Ce fut un temps de reconstruction de la Fimem car jusque là elle était très franco-française : les Français constituaient la majorité du conseil d'administration et cerise sur le gâteau, les groupes départementaux français pouvaient adhérer en tant que groupe comme un groupe national extérieur à la France. De ce fait, la France était ultra-majoritaire dans les assemblées générales (ah ! ces Français...).
Pour la première fois, après 1984, le conseil d'administration de la Fimem était vraiment international et petit à petit, de plus en plus orienté vers les autres continents que l'Europe. Cette démarche généreuse se heurta évidemment rapidement à des problèmes financiers. Les frais de déplacement d'un délégué du Brésil mangeaient plus la moitié du budget consacré aux déplacements.
Depuis, l'internationalisation du C.A. a toujours été une orientation prioritaire.
Revenons aux Ridefs. Chacune a toujours eu son caractère particulier mais des constantes sont apparues. Citons en particulier les ateliers longs et les ateliers courts, les groupes de base, les excursions, l'intégration des assemblées générales de la Fimem au sein de la rencontre, le journal.
Chacune a toujours connu sa part de difficultés inattendues ou de problèmes conflictuels, c'est la vie. Parmi ces derniers, le plus douloureux est sans doute celui de la conception de la laïcité dans la vie des mouvements Freinet de par le monde.
La conception même de la pédagogie Freinet, bien que tous les mouvements se réfèrent à une même charte et aux mêmes invariants, semble ne pas être unique. La pédagogie Freinet est probablement en mesure de supporter des formes plurielles, teintées de couleurs locales et de traditions personnelles mais pas des pratiques contradictoires ou incohérentes, issues d'interprétations paraissant abusives.
C'est pour cela qu'il est en permanence nécessaire de toujours clarifier, au-delà des pratiques mêmes, les enjeux, les objectifs, les incidences socio-politiques, les rapports entre politique, idéologie et enseignement même si cela doit se faire dans la tension et pourquoi pas, le conflit assumé.
Henry Landroit